L’AFFAIRE RADCLIFF

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L'AFFAIRE RADCLIFF
NOUVELLE FANTASTIQUE

L’AFFAIRE RADCLIFF

 

Marcus Mason, Président directeur Général et propriétaire de la société éponyme, la M&M company à New York, est un homme à part.

Petit bonhomme  de soixante-cinq ans un peu rond, toujours tiré à quatre épingles avec du sur mesure de grande confection, les cheveux blancs coupés court, les yeux d’un bleu clair très vif, Marcus Mason a toujours un petit sourire énigmatique au coin des lèvres. Il dirige sa société installée en haut d’un gratte-ciel renommé. En dehors de ses heures de bureau, quand il n’est pas chez lui, il s’adonne au golf et à la voile à Staten island. De nature simple et travailleur, Marcus ne recherche pas les honneurs ni les dîners huppés où tout le monde se méprise avec tact et politesse. Rien ne remplace à ses yeux son foyer et ses deux enfants.

Marcus a un don. Une mémoire photographique extraordinaire et unique qui lui permet lorsqu’il se concentre de visualiser devant lui les différents documents qu’il a déjà consultés. Comme s’il disposait d’un écran permanent où défileraient les images qu’il souhaite revoir. Ainsi, certains ont pu parfois le surprendre, le regard dans le vide, assis derrière son bureau durant de longues minutes, juste avant de prendre la décision finale. Il fait défiler devant lui les dossiers importants ayant trait à l’affaire en cours et si quelque chose cloche dans le montage financier, immanquablement, ça lui saute aux yeux et il en fait part à ses subordonnés et repousse la signature du contrat jusqu’à ce que le problème soit éclairci. Ou s’il s’agit d’une tentative frauduleuse, le dossier repart, accompagné d’une note de sa main chez ses avocats pour intenter un procès.

Il a fondé son empire qu’il a développé et consolidé au fil des ans, travaillant d’arrache-pied et rachetant les sociétés qui valent le coup et apportent de la plus-value au groupe; et rejetant celles qui parfois se présentent trop belles et cachent en fait un vice qui pourrait mettre à mal l’ensemble de sa société. Il a toujours fonctionné ainsi. Les chefs de département préparent le dossier et le lui remettent avant qu’une décision soit prise. Marcus lit toutes les pages et les fait défiler ensuite devant lui. Diagrammes, camemberts, statistiques; il les fait parler en quelque sorte; comparant les actifs, les emprunts et les chiffres d’affaires sous plusieurs angles jusqu’à ce qu’il n’ait rien remarqué d’anormal et soit sûr à cent pour cent de l’honnêteté du dossier. Il ne se trompe jamais et sa réputation est terrible ! Au point que ses chefs de département vérifient tous les détails au moins trois fois avant de lui présenter un dossier d’achat; et ils passent une bien mauvaise nuit la veille du dépôt de dossier dans le bureau du boss.

Mason est réglo et paie bien ses employés; mieux que les autres patrons. S’il s’avère que la faille dans un dossier est si subtile que lui seul peut la détecter, il n’en tient pas rigueur et explique au responsable ce qui ne va pas dans le montage. Mais s’il juge que la faille est évidente, alors le chef de département est convoqué et remercié dans l’heure.

Les affaires ne sont pas un domaine où l’on peut tolérer les incompétents. Trop de salaires sont en jeu. Depuis pas mal de temps déjà, les sociétés comme la sienne n’ont que peu de liquidité à disposition. Pas de coffre rempli de liasses, l’argent est à la banque et circule en permanence; la complexité est telle que l’achat d’une entreprise défaillante qu’il faudrait remonter financièrement pourrait faire basculer tout l’édifice.

Aujourd’hui, Mason examine le dossier de la société Radcliff; une entreprise du BTP qui jouit à première vue d’une bonne renommée et qui lui est proposée à l’achat car son propriétaire souhaite radicalement changer de domaine d’activité.

Mason connaît très bien Radcliff et part sur un à priori plutôt positif. La réputation de la société est excellente car elle travaille pour l’Etat et engrange des bénéfices annuels très confortables.

Il mémorise toutes les pièces du dossier et les fait défiler devant lui comme d’habitude. Elles défilent jusqu’au moment où une alarme retentit en Mason; il remarque une incohérence patente entre une page de chiffres et un diagramme contenus dans un sous-dossier. Il se laisse retomber au fond de son fauteuil et réfléchit un moment : Radcliff n’a pas pu le faire… Les synthèses sont faites ici, dans nos bureaux. Radcliff a réussi à corrompre un de ses employés !

Mason appuie sur le bouton de l’interphone qui le relie à sa secrétaire : Sonia ? Voulez-vous bien me rejoindre, je vous prie ?

La lourde porte en chêne massif épais s’ouvre  cinq secondes plus tard et la secrétaire entre dans le vaste bureau épuré à la décoration sobre et rare. Le tableau « les pléiades » de Max Ernst sur un mur et une chaîne HIFI sur un meuble bas. Un mini bar sur roulettes au pied d’une bibliothèque qui cache un réfrigérateur. Le mobilier est moderne avec plateau en verre noir épais et piètement inox.

La société M&M siège au soixantième étage du Chrysler building, Rue de Lexington dans le quartier de Midtown à Manhattan.

La secrétaire, Sonia, une grande brune plutôt fine aux yeux de braise, la cinquantaine élégante, avec un faux air d’Eva Green, travaille pour Mason depuis plus de vingt ans et a toute sa confiance. Quand un problème délicat vient à surgir, Sonia en est informée et participe à sa résolution.

_ Sonia, j’aimerais que vous effectuiez quelques recherches pour moi. C’est assez urgent. Vous allez, comme à votre habitude, discrètement, dresser la liste de tous nos employés qui ont de près ou de loin eu affaire au dossier Radcliff. Je veux leurs relevés bancaires sur les six derniers mois. C’est possible ?

Sonia fronce ses sourcils savamment épilés et, sérieusement, appuie son regard dans celui de son patron : « En douteriez-vous Marcus ? »

Mason feint de réfléchir un instant, les doigts croisés derrière la tête, son habituel sourire énigmatique au coin des lèvres : « Pas vraiment… En fait non. Pas du tout… Merci Sonia ».

_ Je préfère ça… Ce sera sur votre bureau dans l’après-midi. La secrétaire quitte rapidement le bureau, emportant le dossier Radcliff sous le bras.

Le portable de Mason se déplace en vibrant sur le plateau de verre du bureau, ce qui génère un bourdonnement d’insecte en colère. Le nom de son fils cadet Josh s’affiche sur l’écran.

_ Josh ! Comment ça va fiston ?

_ Bonjour papa. Ça va bien. Je suis dans l’immeuble et j’ai un moment de liberté. Je me demandais si tu avais cinq minutes de libre pour que je vienne te saluer…

_ Evidemment. Je t’attends.

Mason a deux garçons : Alan et Josh, deux demi-frères. Suzan, la mère d’Alan, l’aîné, a péri dans un accident de la route quand son fils avait cinq ans.

Josh était déjà né quand Mason a, deux ans après le décès de sa première femme, rencontré Sheila, la veuve d’un pilote de l’US Air Force disparu au Vietnam. Josh avait six ans au moment de leur mariage et Mason l’a adopté et élevé comme son propre fils.

Les débuts de son remariage avaient été difficiles en raison des troubles psychologiques apparus chez Josh à cette époque-là. Il s’était montré violent et affirmait entendre la voix de son père… Le psychiatre avait évoqué la possibilité d’un traumatisme causé par la mort du père et le mariage n’avait rien arrangé. Une personnalité schizoïde avait été diagnostiquée. Cependant, six mois de psychothérapie et un traitement léger étaient venus à bout du problème et Josh était rentré à la maison malgré la mise en garde du psychiatre. Josh avait ensuite grandi normalement et n’avait plus connu de problèmes psychiques.

Avec Sheila, la vie de Marcus est agréable et ils habitent dans une somptueuse maison à Upper eastside à Manhattan. Les deux garçons, eux, vivent maintenant chacun dans leur propre appartement et passent au moins une fois par semaine à la maison pour un repas familial; en général, le dimanche. C’est alors souvent l’occasion de faire un barbecue et de boire quelques bières entre hommes et d’échanger quelques balles de baseball… Quand le temps le permet.

Marcus estime être un homme heureux, même si ces derniers temps, il ressent une tension qu’il n’arrive pas à cerner. Il sait que quelque chose a changé dans son entourage proche, sans pouvoir le définir. Bizarre…

Josh frappe à la porte du bureau, quatre petits coups, comme à son habitude et entre dans l’antre paternel et directorial.

Josh comme son frère sont employés dans la société, au poste d’adjoint au chef de département dans deux départements distincts, le temps de faire leurs armes avant de devenir à leur tour chefs de département Et plus tard prendre la direction de l’entreprise familiale.

_ Entre Josh, entre. Tu fais plaisir à voir; tu as bonne mine.

_ Merci. Tu as l’air de tenir la forme toi aussi.

_ Dis donc, tu en as une belle montre ! C’est nouveau ça ! Mazette ! Tu ne te refuses rien…Une montre suisse, non ? Elle doit être chère…

_ J’ignore son prix; Alan me l’a offerte en début de semaine.

_ Eh bien, tu en as de la chance d’être gâté par ton grand frère !

_ Certes… Quoi de neuf depuis la semaine dernière ?

_ Rien. La routine. Comme d’habitude. Tu passes à la maison dimanche ?

_ OK. Ok pour dimanche. Embrasse maman pour moi. Je dois filer maintenant. Le devoir m’attend…

En fin d’après-midi, Sonia dépose délicatement un disque dur externe sur le bureau de Marcus. Elle semble contrariée.

_ Quelque chose ne va pas Sonia ?

_ J’ai fait les recherches. Ce que j’ai trouvé ne va pas vous plaire… C’est dans le répertoire que j’ai nommé Icare. Je vous laisse vous en rendre compte.

Une fois la porte refermée derrière la secrétaire, Marcus branche le disque externe sur la prise USB de son PC et ouvre l’explorateur de fichiers. A la racine, un répertoire portant comme nom la date du jour et en sous répertoires, une quinzaine d’autres répertoires portant le nom d’employés et un seizième nommé Icare.

Habitué à la capacité d’analyse hors norme de sa secrétaire, Marcus ouvre immédiatement le répertoire Icare et son sourire habituel se fige. Tous les dossiers PDF qu’il contient portent le nom d’Alan Mason… En consultant les relevés de compte en banque de son fils, il découvre plusieurs virements importants effectués ces dernières semaines pour un total d’un million de dollars sur un compte récemment ouvert. Il ne faudra pas longtemps pour retrouver le propriétaire du compte émetteur. Marcus a déjà son idée à ce sujet. Mais un autre PDF nommé Origine ne permet pas d’identifier le créditeur… Un certain Peter Winston… Ce nom-là évoque bien quelque chose mais qui ou quoi ? Impossible de s’en souvenir ! Pourtant…

Marcus croise les bras sur sa poitrine et réfléchit. Pourquoi si peu de précautions pour une telle opération illégale ? Son fils est-il devenu aussi stupide sans qu’il s’en soit rendu compte ? Le chef de département n’a apparemment pas vérifié les documents d’Alan. Parce que c’est le fils du patron ? Ou bien est-ce plus tordu qu’il n’y paraît ? Marcus ne sourit plus. Il tapote de l’index sur le verre de son bureau et saisit son mobile pour appeler son fils : Alan ? Oui. Ou es-tu ? Encore au bureau ? Parfait. Viens me voir immédiatement. Je t’attends.

Deux minutes sont passées quand Alan frappe à la porte du bureau de son père et entre. « Bonsoir ! »

Le sourire habituel de Marcus réapparait aussitôt : Bonsoir mon grand. Viens t’asseoir. Comment vas-tu ?

_ Je vais bien, je te remercie. Pourquoi voulais-tu me voir ?

_ Le dossier Radcliff. Il me pose un problème…

_ Je n’ai pas travaillé sur ce dossier. J’aurai du mal à t’aider.

_ Vraiment ? Curieusement, il contient des documents portant ton nom.

_ Impossible. Je te répète que je n’ai pas été requis pour ce dossier. Je ne le connais pas.

_  Humm… Combien possèdes-tu de comptes bancaires ?

_ Un seul compte. Toujours le même. Celui que tu m’as ouvert quand j’étais enfant.

_ OK… Oh ! Josh est passé dans la journée. Il est très content de la montre que tu lui as offerte. C’est une belle montre !

_ Ne le lui dis pas, mais c’est une copie… Elle est de qualité, mais c’est une copie. Une montre pareille, une vraie, ça doit coûter dans les quatre mille dollars, alors tu penses bien…

_ Alan, nous avons un vrai problème. J’ai beau avoir une totale confiance en toi, j’ai du mal à comprendre ce qui se passe… Fais le tour du bureau et regarde sur mon PC ce que Sonia m’a rapporté au sujet du dossier Radcliff.

Alan se lève et s’assoit dans le fauteuil de son père pour la première fois de sa vie et prend connaissance des différents documents du répertoire Icare. Il écarquille les yeux et soupire : Qu’est-ce que c’est que ces conneries ? Un million de dollars sur un nouveau compte à mon nom ? Tiens, prends mon portefeuille. Vérifie mes cartes de crédit. Aucune n’est reliée à ce compte. Et ces documents ? Je ne les ai jamais vus. En as-tu parlé au chef de département ? Tu ne trouves pas que c’est un peu gros ? Il faudrait que je sois idiot pour avoir fait une chose pareille, non ? Les documents trafiqués et le million sur un nouveau compte ? A la même banque ? Qui peut bien être derrière tout ça ? Et qui est visé ? Moi ou toi ? Ou nous deux ? J’appelle la banque…

_ Attends… Sonia ? Demandez à Robert Dickinson, le chef de département de venir immédiatement dans mon bureau, je vous prie.

Quand Dickinson arrive, rouge comme une pivoine, Il demande, passablement inquiet, s’il y a un problème avec le dossier Radcliff.

_ Dickinson. Répondez-moi franchement. Avez-vous demandé à mon fils Alan de produire de la documentation d’analyse pour étayer le dossier Radcliff ?

_ Non Monsieur. C’est Josh qui m’a apporté ces documents la semaine dernière. Il m’a confié qu’il travaillait sur ce dossier depuis un moment au cas où.

_ Et vous n’avez rien remarqué dans ces documents ?

_ Non. Tout était cohérent. Aucune irrégularité. Mais… Si je peux me permettre, Monsieur, Que se passe-t-il avec le dossier ?

_ Il ne contient pas de documents signés de Josh, mais d’Alan.

_ Oh ! Je suis certain que quand j’ai déposé le dossier dans la corbeille de Miss Sonia, il contenait ceux de Josh; je peux vous l’assurer car avant de me résoudre à le lâcher, j’avoue l’avoir vérifié une dernière fois.

_ Merci Dickinson. Ne vous en faites pas. Tout va bien. Vous faites du bon boulot. Vous pouvez nous laisser maintenant.

_ Oh !  Merci Monsieur !

Et Dickinson repart comme soulagé et presque heureux en refermant doucement la porte derrière lui.

 Marcus marche un peu dans le bureau, les mains jointes derrière le dos et finit par se placer devant la large baie vitrée qui donne vers le sud d’où on aperçoit une bonne partie de Manhattan. Il plonge les mains dans les poches de son pantalon : Josh… Pour quelle raison aurait-il fait ça ? Hein ? Pourquoi ?

_ Papa… Papa ?

_ Oui ?

_ Josh est là…

Marcus se retourne et découvre son fils cadet Josh devant la porte du bureau ouverte en grand. Dans la main gauche, il tient un poignard dégoulinant de sang et de l’autre un pistolet automatique muni d’un silencieux qui fume encore. Il a un curieux regard et comme un horrible rictus qui lui déforme le visage.

La porte est grande ouverte et il semble que ce que l’on aperçoit au sol sur la moquette du bureau de la secrétaire, ce sont les jambes et les semelles de Dickinson.

Marcus pâlit : Josh… Qu’as-tu fait ? Mon dieu ! Mon fils… Que t’arrive-t-il ?

_ Mon fils ? Mon fils ? Tu m’appelles ton fils ? Ah ! Ah !  Tu sais très bien que je ne le suis pas ! Mon père est mort au Vietnam ! C’était lui mon père ! Peter Winston ! Il me guide vers le succès maintenant… C’était un héros ! Mon vrai nom est Winston ! Lui, il ne m’aurait jamais enfermé dans un bureau à faire un boulot de dingue pour rester second de département toute ma vie alors qu’Alan deviendra chef et te remplacera ! Ce salaud qui a essayé d’acheter la confiance fraternelle avec une tocante bidon. Vous me traitez vraiment comme un moins que rien ! Vous avez dû bien vous marrer, hein ? Ce con de Josh ! Le bâtard de la famille qu’on a adopté par pitié… Tiens, loser ! Prends cette breloque ! Un cadeau magnifique ! Oui, c’est moi qui ai trafiqué le putain de dossier Radcliff pour vous foutre dans la merde tous les deux ! J’espérais vous monter l’un contre l’autre, mais non ! Le fils préféré à son papa n’a pas pu faire ça, hein ? Faux-culs ! Comme ta salope de secrétaire qui rigole quand elle se brûle avec ses airs hautains… Là, je peux vous dire qu’elle sourit ! A gorge déployée, même, d’une oreille à l’autre. Fera plus chier personne celle-là. Une faux-cul de moins… Vous saviez qu’elle portait une gaine en latex ? Eh bien si ! Je l’ai vue quand je lui ai ouvert le bide à cette truie ! Elle est beaucoup moins fière maintenant avec ses tripes qui pendouillent entre ses cuisses ! Elle sent moins bon… Et l’autre idiot de Dickinson, toujours à flipper pour un dossier… J’ai dû poireauter un bon moment avant que crétin finisse par lâcher le dossier dans la corbeille et que je puisse échanger le sous-dossier. Il est détendu maintenant. Complètement ZEN ! Il ne fera pas d’ulcère finalement.

_ Mais Josh… Tu serais devenu chef de département dans cinq ans comme Alan et il était prévu qu’un an plus tard tu partages la direction de la société avec ton frère…

Josh pointe son arme et tire une balle dans la cuisse de Marcus : « C’est pas mon frère ! OK ? Mon père et ma mère n’ont eu que moi ! Tu entends ? Que moi ! Je suis leur fils unique;  et toi… Oui toi ! Tu m’as adopté pour  pouvoir baiser ma mère, hein ? Vieux salopard ! »

Marcus recule pour s’adosser contre le mur et grimace de douleur en tenant sa cuisse ensanglantée. Il tente de raisonner Josh : « Arrête ça ! Tu te trompes… Qu’est-ce qui t’arrive ? »

Et Josh tire une deuxième balle qui atteint Marcus en plein front. L’arrière de son crâne explose à la sortie du projectile qui finit dans le mur. Du sang et des bouts de cervelle sont projetés en moucheté sur le mur et la vitre.

Josh hurle : « Ta gueule ! Tu fermes ta gueule ! »

Alan s’agenouille près du corps de son père en criant : Nooon ! Papa ! Papa…

_ Bouge pas connard ! J’en ai pas fini avec toi ! Pas moyen de te coincer, hein ?  Monsieur est trop malin et son papa qui le protège si bien… Mais tu sais, chez Radcliff, ils m’ont pris au sérieux, eux ! Ils m’ont compris ! Mon vrai père a bien fait de me dire d’aller les voir… Merci papa !  Ils m’ont ouvert les yeux, ils m’ont permis de comprendre votre petit jeu et m’ont offert trois millions de dollars. Qu’est-ce que tu dis de ça ? Et grâce à eux, je serai bientôt le nouveau patron de la boîte en tant que seul héritier. Dès la semaine prochaine ! Que penses-tu de mon joli cadeau d’un million ? C’est autre chose qu’une tocante de contrefaçon, non ?

_ Josh… Je t’en prie… Arrête…

_ Allez ! Récupère-la ta montre en toc, fumier ! Ouvre la bouche que je te l’enfourne, ta merde à vingt dollars… Tu me croyais vraiment si con ? Au point de ne pas m’en apercevoir ? Allez ! Ouvre ! C’est bien… Voilà… Et regarde-moi bien maintenant… Parce que je veux être la dernière personne que tu verras. Joshua Winston !

Josh presse la détente et tire à bout portant dans l’œil d’Alan et il plante ensuite son poignard dans l’autre œil en l’enfonçant jusqu’à la garde.

Aux infos sur CNN un peu plus tard dans la soirée : … La police  a reçu un appel prévenant qu’un massacre s’était produit au soixantième étage du Chrysler building et quand les officiers de police sont arrivés sur les lieux, ils ont découvert quatre cadavres dans les bureaux de la direction de la société M&M. La secrétaire de Marcus Manson : Sonia Smith, Un des chefs de département : Robert Dickinson , Marcus Manson et son fils aîné Alan.

Les enquêteurs ignorent qui est l’auteur d’une telle horreur et le mobile du crime reste inconnu. Son second fils et sa femme sont terrassés par ces meurtres horribles…

Dans la presse, on apprend aujourd’hui que le deuxième fils de Marcus Mason, Josh, a été victime d’un crime crapuleux alors qu’il sortait  de sa voiture. L’article précise qu’il a été criblé de balles par un inconnu masqué.

Des témoins affirment que le tireur portait une cagoule et des gants noirs et qu’il l’a tué pour lui voler son portefeuille.

La Une du Wall Street Journal informe que la société Radcliff prépare une offre pour racheter la société M&M afin de la préserver et de consolider le groupe après la tragédie qui l’a privée de ses dirigeants…