Tad Koz
J’ai de l’eau dans les yeux
C’est comme un grand voile bleu
Une impression de froid
Qui me laisse sans voix
J’ai envie de hurler
De casser, tout brûler
Je sens que je perds pied
Que je suis en papier
La vie est si dure, la vie est cruelle
Pourquoi lutter si on ne peut gagner ?
Pourquoi lutter si on ne peut gagner ?
Tu étais mon histoire
Un peu comme un miroir
Mes racines et mon sang
Mon repère et mon temps
Tu nous as fait grandir
Sans jamais nous trahir
A supporter les poids
Pour nous ouvrir la voie
La vie est si dure, la vie est cruelle
Pourquoi lutter si on ne peut gagner ?
Pourquoi lutter si on ne peut gagner ?
On a tout essayé
Tu as toujours lutté
C’était perdu d’avance
Tu n’avais aucune chance
Maintenant tu t’en vas
Tu nous laisses tous là
Tu ne reviendras pas
Je meurs aussi papa.
La vie est si dure, la vie est cruelle
Pourquoi lutter si on ne peut gagner ?
Pourquoi lutter si on ne peut gagner ?
Les passés et présents de deux mains
Et mes mains dans les tiennes retenues précieusement
Par tes doigts vieillissant
Ces grandes mains de paysan, marquées pour avoir trop longtemps tenu
Les manches de pelles, pioches, fourches ou charrues
Essuyant les larmes d’effort coulant sur ton front
Les jours de récoltes ou de moissons
Les jours ordinaires, juste pour rentrer à la maison.
Et mes mains dans les tiennes, à l’unisson
Mes doigts bleutés d’écolier dépassant de tes paumes crevassées
Juste pour t’accompagner quelques pas dans tes longues journées.
Et tes mains dans les miennes, quelques instants
A jamais refermées pour une dernière prière
Comme pour rappeler qu’un jour viendront les derniers vers
Elles se quittent une dernière fois
Au revoir, grand-père.
Et mes mains dans les tiennes, à présent
Qui précieusement te serrent
Ont aujourd’hui cette forme recroquevillée d’un retour en arrière
-Une forme d’accomplissement–
Je ne sais pas quels seront mes derniers vers
Alors c’est sans attendre ce moment
Que je te dédie ceux-ci, mon cher enfant.
Yann SolMar
Belles images! J’adore. J’adhère 👍🏻