RUBIS

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« C’est foutu, je suis cuit… Elle est au courant de tout !

Mais quel con !  Pourquoi n’ai-je pas pensé à vider la mémoire de mes SMS ? Pourquoi ? Est-ce là ce que l’on appelle un acte manqué ? Est-ce qu’inconsciemment, je cherche à lui avouer ma liaison ? Merde ! Ce n’est pas mon genre et encore moins mon intérêt car ma femme possède tout notre patrimoine et son père étant mon patron, je me retrouverais SDF en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire !

Me voilà dans de beaux draps ! Comment m’en sortir ? Mystère et boule de gomme… »

Bon, elle a eu besoin de mon téléphone  alors que nous sommes en route pour aller dîner chez ses parents ; son téléphone est à plat… Et elle a voulu envoyer un SMS à partit du mien. C’est vraiment pas de bol.

Elle est en train de lire de la part de Nat : « Ta pointe de rubis est annoncée pour le W-E prochain ». En clair : Partie de jambes en l’air samedi prochain avec Natacha qui a pu se libérer… Et merde !

Elle fronce les sourcils, tente de comprendre le message. Je sens que nous sommes au bord du cataclysme et j’imagine que ça va éclater dans moins de dix secondes. Je commence à transpirer du front, j’essaie de faire semblant de regarder la route comme si de rien n’était…

 

Elle pose sa main sur ma cuisse !

« Chéri ?

— Mhhm… Ou-Oui ?

— Tu as commandé un rubis ? Tu t’es souvenu de notre anniversaire de mariage ? C’est la première fois depuis trente ans de vie commune. Tu es trop chou ! »

J’ai comme un goût métallique sur la langue et la gorge très sèche. J’ai l’impression que mon cœur va me sortir par la bouche ! L’anniversaire de mariage ? Un rubis comme cadeau ? Bingo ! Allons-y gaiement !

— Mais… Ma chérie ! Comment es-tu au courant ? Seul Nataniel, mon fournisseur est dans la combine !

— C’est écrit dans ton téléphone, trésor. Je n’ai pas fait exprès de lire ton SMS, il s’est affiché tout seul.

— Eh bien, c’est raté pour la surprise ! Rends-moi mon téléphone, c’est personnel.

— Tiens Amour, je te le rends. »

Elle a posé sa tête contre mon épaule et serre mon bras. Dans le rétroviseur, je distingue des étincelles dans ses yeux maintenant embrumés.

Une chose est sûre, il va falloir que je trouve un bon gros rubis dans les prochaines quarante-huit heures…

Merci. Merci  Mon Dieu ! Quel bol !