ZETA

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ZETA
NOUVELLE FANTASTIQUE

ZETA

 

Ecrit par Ludovic Coué le 19 août 2018

 

 

 

Mesdames et messieurs ! Bonjour ! Ici Mama, votre ordinateur de bord préféré. Je viens de mettre fin à votre hibernation. La vitesse de notre astronef est stable, aucun problème n’est à noter. Comme prévu, nous sommes à deux mois de notre objectif. Tout le monde va bien.

Veuillez vous asseoir et patienter dix minutes avant de poser les pieds au sol, le temps que votre organisme stabilise votre tension artérielle.

 

Merde ! J’ai envie de gerber. J’ai l’impression d’avoir un rat crevé dans la gorge. Ma langue est aussi sèche qu’un morceau de carton. Faut que je sorte de mon caisson…

Bordel !  Je suis tombé comme une grosse merde. Je me suis écroulé pour deux raisons : mes jambes n’ont pas supporté mon poids et je me suis immédiatement évanoui.

J’ai le nez qui pisse le sang et les autres me regardent avec un air de réprobation. Charmant voyage…

 

Je m’appelle James. James Bean; ça ne s’invente pas. Mes parents avaient un humour particulier…

 

Je suis un type plutôt commun; pas très grand, la quarantaine avec un peu de bide. Mais je tiens la forme.

 

Je viens du Bronx où je vivais peinardement. Je bossais pour le compte de Raul, le caïd en pleine ascension qui me faisait confiance. Mon job, c’était d’encaisser les recettes hebdomadaires et me montrer persuasif pour les mauvais payeurs; job dans lequel j’excellais. Je gagnais bien ma vie, je faisais partie d’une équipe puissante et bien organisée. Malheureusement, un soir, une bagarre a mal tourné dans la rue et quatre types sont morts. Une caméra de la ville a filmé la scène et c’est ma pomme qu’on a reconnu.

Arrestation, interrogatoire, jugement immédiat. Cent-vingt-cinq ans de prison pour homicide volontaire et direction le pénitencier.

J’aurais pu éviter la taule en acceptant un arrangement avec les fédéraux qui me promettaient de bénéficier du programme de protection des témoins : nouvelle identité, nouveau patelin, nouveau job… J’ignore comment, mais les flics savaient que je connais parfaitement le réseau de Raul, ses relations, ses comptes, ses fournisseurs et puis aussi… enfin, j’en sais long.

Mais les fédéraux ne connaissent pas Raul et son réseau comme moi. Je sais bien que si j’avais  lâché la moindre information, dès que les flics seraient intervenus quelque part, l’ordre de m’éliminer aurait été donné et vingt-quatre heures plus tard, je serais mort. En taule ou ailleurs. C’est la règle chez les malfrats. Tu ne donnes pas ! Tu te fais chopper ? Tant pis pour toi et tu la boucles sinon…

 

 

 

Au bout d’un an, des types sont venus au pénitencier. Des gars de la NSA à ce qui paraît. Ils sont allés chez le directeur, ont demandé à consulter les dossiers des détenus, en ont sélectionné une dizaine et exigé de rencontrer les dix élus dont je faisais partie.

Lors de l’entretien, ils m’ont demandé si j’acceptais de participer à une expérience dangereuse. Je leur ai répondu que j’étais surbooké pour les cent-vingt-quatre prochaines années; à moins que leur proposition soit très intéressante et qu’elle ne consiste pas à me faire tester des produits médicamenteux.

 

Quand ils m’ont révélé qu’il s’agissait de découverte spatiale, j’ai accepté. L’agent de la NSA m’a affirmé qu’en cas de réussite, je serais libre à mon retour et que je pouvais lui faire confiance car il n’avait qu’une parole…

J’ai été immédiatement transféré à Cap Canaveral où un shelter blindé et étroitement surveillé par des marines m’était attribué en guise de logement.

J’ai passé des batteries de tests médicaux. Om m’a dit que c’était OK. J’ai eu droit à la centrifugeuse où j’ai rapidement gerbé mon repas avant de tomber dans les pommes. On m’a dit que c’était OK…

On m’a présenté au reste de l’équipage deux gars: Georges, un grand black athlétique, pilote et commandant de la mission; John  un blond très mince, le mécano et deux nanas: Judy une blondinette aux cheveux courts, médecin et biologiste et Anna une brune hispano au visage sombre, navigatrice.

Moi, je suis là pour sortir le premier et fouler le sol de ZETA, explorer les alentours de l’atterrissage avant que les autres ne sortent. Je serai armé et prêt à en découdre avec toute bestiole locale.

Ils ont fait des efforts pour ne pas me cracher au visage. Tout était OK…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

_ Pourquoi t’es-tu levé si tôt James ? Tu n’as pas entendu les consignes de Mama ?

Georges me relève et m’assoit dans un fauteuil. Judy observe mon nez et déclare qu’il n’est pas cassé.

J’ai quelques petites lucioles qui dansent devant mes yeux mais je sens que le malaise s’estompe, que je récupère.

 

Tout le monde s’assoit autour de la table et Georges prend la parole :

_ Tous les items sont verts, nous atteindrons ZETA dans

Deux mois, comme prévu. Cela nous laissera suffisamment de temps pour retrouver la forme et préparer le matériel de débarquement. Des questions ?

Anna lève la main et me désigne : Si James n’écoute pas les consignes, la mission va rapidement tourner à la catastrophe. Je ne sais pas si j’ai réellement envie de quitter le vaisseau avec lui pour découvrir un monde inconnu.

_ Désolé Anna. Quand je me suis réveillé, je n’ai pas fait attention à ce que disait Mama. J’étais tellement mal que je me suis levé machinalement. Je n’avais pas tous mes esprits. Cela ne se reproduira pas.

 

_ C’est à espérer. Conclut Georges.

John lève la main à son tour : Moi, j’aimerais savoir pourquoi James était au pénitencier. James ?

_ Disons que j’y étais par malchance. Si ça peut te rassurer, je ne suis ni un tueur en série ni un putain de psychopathe.

 

Georges acquiesce et interroge Judy du regard. Elle répond négativement de la tête.

_ Bon. Vous allez récupérer votre programme d’entraînement physique et vous vous y mettez après notre premier repas et une bonne douche. Bon appétit !

 

En parlant de repas, mon ventre gargouille et je m’étais persuadé que cinq années d’hibernation m’auraient fait  perdre du poids, ou du moins mon bide; mais non ! Je n’ai pas perdu le moindre gramme apparemment. L’entraînement va être pénible…

 

ZETA est une planète qui a été  découverte fortuitement par Kepler. Elle est rocheuse et se trouve dans la zone d’habitabilité par rapport à son étoile. Sa révolution dure quatre-cent-cinquante jours et sa température avoisine celle de la terre. Elle devrait abriter de l’eau liquide.

Avec les nouveaux moteurs à plasma, il faut cinq années pour  la joindre. Quel trip ! Me voilà bien loin de mon ancienne vie. J’ai l’impression de renaître.

 

Le vaisseau est spacieux et confortable. Deux navettes sont intégrées à ses flancs. Les cabines sont fonctionnelles.

Il est équipé de deux ordinateurs de bord : Mama et Papa.

Papa est l’ordinateur de secours; identique à Mama, il est sensé prendre le relai en cas de panne de Mama… Un peu macho non ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cela fait maintenant un mois que nous sommes sortis de notre léthargie et l’entraînement physique a commencé à porter ses fruits, ma taille a considérablement minci.

J’ai rapidement retrouvé mon souffle et le vélo d’appartement ne me fait plus peur…

 

Mes relations avec le reste de l’équipage se sont bien améliorées. Je fais pas mal d’efforts pour m’intégrer et je passe sur les allusions désagréables quant à mon passé.

Georges et Judy me font confiance et nous discutons souvent; il nous arrive même de plaisanter. John semble rester méfiant mais on arrive quand même à échanger. Quant à Anna, elle est restée campée sur ses positions et ne m’adresse la parole qu’en cas de nécessité. Je la sens hostile à mon égard.

 

 

 

 

 

 

 

 

Plus que quinze jours avant d’arriver sur zone.

Je ne me suis jamais senti aussi bien ! J’ai une pêche d’enfer et l’ambiance s’est bien améliorée. John s’est rapproché et Anna n’est plus vraiment hostile; même si elle garde ses distances.

Nous avons répété et répété encore les différentes phases de notre mission, revu les procédures de communications; vérifié et utilisé la plupart des matériels qui nous serviront une fois sortis.

John m’a parlé de lui et raconté un peu sa vie, m’a montré des photos de sa famille. Il me pose pas mal de question sur la mienne. Bien que mon retour sur Terre soit très improbable, je ne raconte pas grand-chose sur moi.

Anna est toujours dans les parages quand nous discutons. Peut-être écoute-t-elle pour en savoir davantage sur moi sans en avoir l’air? Mystère !

 

 

 

 

 

 

 

Dans une semaine, c’est le jour « J » !

On est tous prêts. Nous connaissons tous nos matériels. Nous pouvons les démonter et les remonter.

Georges m’a informé que je disposerai d’armes une fois dans la navette. Les armes sont contenues dans un caisson qui ne peut s’ouvrir qu’une fois la navette détachée du vaisseau-mère. Il m’a confié les différentes notices de ces armes. Ça ne paraît pas très compliqué.

John et moi sommes devenus potes. Il faut dire qu’on descendra tous les deux dans la navette avec la toubib. Autant bien s’entendre car on devra pouvoir compter l’un sur l’autre en cas de coup dur.

Je lui ai fait part de mon passé. La bagarre qui a mal tourné. Le milieu de la pègre semble le passionner et mon pédigrée l’impressionner.

 

 

 

 

 

 

 

 

Jour « J » C’est parti pour le grand saut.

 

ZETA est à notre portée et nous avons stabilisé notre vaisseau sur son orbite.

Un grand soleil orange nous éclaire au loin.

 

Je n’imaginais pas que je serais aussi excité. C’est avec une grande fébrilité que j’enfile ma combinaison bleue et que je visse mon scaphandre. Je teste la com générale, tout le monde me répond. Je passe à la com sélective :

_ Georges en privé ?

_ OK James.

_ Judy en privé ?

_ OK James.

_ John en privé ?

_ OK James.

_ Anna en privé ?

_ Méfie-toi de John, James.

_ Quoi ???

_ OK James.

Je me retourne vers ANNA. Elle ne semble pas différente et ne m’adresse même pas un regard. J’ai dû mal comprendre. L’excitation me joue peut-être des tours…

John embarque le premier dans la navette, suivi de Judy et je referme le sas derrière nous.

Nous bouclons nos ceintures, bien calés au fond de nos fauteuils.

John met le contact et vérifie tous les cadrans. Un écran s’allume et nous donne une vision de ce que captent les caméras. Une immensité bleuâtre constellée sur la gauche et le soleil sur la droite. En bas, une portion de la planète apparaît. On distingue des continents, de grandes zones bleues brillantes et d’autres vertes ou ocres.

John diffuse sur la com générale : Prêts au largage Georges. Quand tu veux.

_ OK. Largage. Bonne chance à tous les trois. On vous suit de près. Soyez prudents.

 

Une secousse et le vrombissement des moteurs qui augmente crescendo. La navette s’est libérée du vaisseau-mère et opère un virage. Nous pouvons suivre sur l’écran notre progression.

La navette s’incline vers le bas et nous  découvrons la planète dans son entier. Nous entamons notre descente guidée par l’ordinateur de bord. Tous les voyants sont au vert. J’entends un cliquetis sec et très sonore sur  ma droite. C’est le caisson des armes qui vient de s’ouvrir.

La descente s’amorce et nous prenons de la vitesse.

Nous allons bientôt entrer dans l’atmosphère.

 

Un voyant vert vient de passer au rouge et une alarme retentit, stridente et puissante. Puis un deuxième et un troisième voyant passe au rouge. De la fumée sort sur notre gauche. John se détache et empoigne un extincteur. Je fais de même et nous venons rapidement à bout du début d’incendie. Judy semble prise de panique.

La navette a stoppé net sa progression et nous tournons en orbite autour de ZETA sous le vaisseau-mère.

_ Georges de John ! Georges de John !

_ Oui John…

_ On a un gros problème ! La navette est immobilisée et l’ordi de bord a cramé ! La situation est stabilisée. Il va falloir envoyer la deuxième navette nous  récupérer et recommencer la procédure.

_ Je vous envoie Anna…

 

Nous attendons dans la pénombre que la deuxième navette vienne à notre secours. Judy est très pâle. John essaie de sourire:

_ Eh bien, on ne peut pas dire que c’est une réussite ! On va récupérer la boîte noire pour savoir ce qui s’est passé et vérifier l’autre navette.

 

La deuxième navette arrive et se positionne contre notre sas. Anna nous informe qu’elle entame la procédure de couplage des deux navettes. Un choc sourd se fait entendre quand les deux sas se connectent. La lampe au-dessus de la porte passe du rouge au vert puis redevient rouge. Un CLAC-CLAC !  Retentit.

Anna nous informe que le couplage rencontre un problème inattendu. Elle tente à nouveau la connexion; sans succès.

Personne ne parle, nous avons tous les yeux rivés sur la lumière rouge qui passe rapidement du rouge au vert pour revenir au rouge, accompagnée du CLAC-CLAC ! Qui n’a pas besoin d’explication.

_ Pas de panique ! Le problème vient  de votre navette. La mienne est OK; tout est au vert. Vous allez devoir inspecter le système d’ouverture du sas pour trouver la panne et réparer.

John fronce les sourcils et me lance : Au boulot ! Plus vite on s’y met et plus vite on sort d’ici.

Judy pleure silencieusement. Mais elle se lève et attrape sa trousse à outils et entame l’interrogation de l’ordinateur de bord.

John se positionne devant le sas et moi derrière lui. Il est mécano et moi ex taulard, ex redresseur de torts. Il est donc plus qualifié et je lui passerai les outils qu’il réclamera ou exécuterai les tâches qu’il me demandera de réaliser.

Il me vient une idée : Anna de James en privé ?

_ James, il n’y a  pas de privé en cours de mission. Toutes les com sont enregistrées par Mama.

_ OK Anna. Tu es certaine que le problème vient de notre sas ?

_ A cent pour cent.

_ Merci.

John s’affaire en sifflotant. Il démonte les garnitures autour du sas puis inspecte les réseaux électriques et électroniques.

Il se tourne vers moi : Regarde ici à droite. La moitié des capteurs a grillé. Ça va être coton…

_ On peut réparer ?

_ Va falloir shunter pas mal de relais pour autoriser l’ouverture. Judy ? Tu trouves quelque chose ?

_ Non. L’ordi est naze et tellement naze que je ne peux rien en tirer.

_ Anna de John ? Tu as entendu ?

_ Oui. J’ai entendu.

_ Ici Georges. Anna va rentrer et nous allons étudier une solution pour vous ramener à bord. De votre côté, trouvez une solution pour ouvrir ce putain de sas !

 

Anna s’éloigne doucement et rejoint le vaisseau-mère.

John trifouille dans les circuits, coupe des portions de fils, teste les circuits. La lampe reste colorée en rouge.

Il se retourne et s’assoit dos contre le sas.

_ On n’y arrivera pas.

_ Hé John ! Il y a sûrement  un moyen de…

John me tend ses instruments : Vas-y si tu crois pouvoir faire mieux.

_ Merde ! On est foutus ?

_ Je ne vois pas comment on pourrait s’en sortir. Si encore il y avait une vitre à briser, on pourrait sortir et tenter de regagner le vaisseau mère en s’agrippant à la deuxième navette. Mais la seule issue c’est ce foutu sas.

 

Judy nous a rejoints en larmes. On va y rester, c’est ça ? On va mourir dans cette navette sans que personne ne puisse rien y faire. On va mourir d’asphyxie dans les quarante-huit heures.

John baisse la tête, les mains sur les genoux et laisse échapper : C’est exactement ça.

 

La colère monte en moi soudain : Nom de Dieu ! Comment un programme pareil avec un voyage de cinq années peut capoter aussi facilement ? Comment la NASA a-t-elle pu négliger une issue de secours dans les navettes ?

_ Calme toi James. La NASA teste chaque composant durant dix mille heures avant de l’intégrer dans un appareil. Ce genre de panne n’est jamais arrivé.

Je crois que l’on devrait économiser l’air et faire notre examen de conscience.

_ Tu es sérieux ?

_ Oui. Très sérieux.

Judy tombe à genoux, pleurant à chaudes larmes : Je n’ai rien sur la conscience ! J’ai passé ma vie à étudier… Je n’ai jamais eu de petit ami. J’ai quitté mes parents pour intégrer la NASA et on m’a aussitôt affectée à cette mission. Je suis passée à côté de tellement de choses. J’ai raté ma vie…

_ Tu vois James, moi, j’ai l’air d’être un mec bien; un bon père de famille sans accroc. Eh bien je dois avouer que j’ai fait pas mal de conneries quand j’étais jeune.

_ Raconte…

_ Un soir de sortie avec des copains, on avait trop picolé. Un des potes avait une Mustang flambant neuve que lui avait offert son père pour l’obtention de son diplôme.

On a roulé vers la sortie de la ville pour continuer à picoler dans la campagne sous les étoiles…

On n’a pas vu la fille qui marchait sur le bord de la route. On l’a heurtée avec l’aile avant droite. On l’a vue décoller et tomber dans le fossé… On ne s’est pas arrêtés. On est rentrés en ville par une autre route et on s’est séparés. On n’a jamais évoqué cet accident. Jamais… Tu vois ? Je ne vaux pas mieux que toi. J’aurais dû faire de la taule moi-aussi.

C’est le seul crime que j’aie jamais commis et que je regretterai jusqu’à la fin.

_ Un criminel est enfermé avec moi dans une navette scellée à jamais, quelle horreur ! Mon Dieu ! Ah ah ah ! Quelle ironie. J’espère que tu as coupé ta com avant de faire ta confession.

_ Tu penses bien que oui… Et toi ? Tu as quoi sur ta conscience ?

_ J’ai descendu quatre types dans une bagarre que je n’ai pas souhaitée; j’ai défendu ma peau.

_ Merde alors ! Et tu as écopé de combien pour ça ?

_ Cent-vingt-cinq ans.

_ Pfiuuu ! M’étonne pas que tu aies accepté la mission de la NASA. ET c’est tout ? Un seul épisode criminel ? Dans ton milieu ça doit arriver souvent non ?

_ Humm quelques trucs qu’il vaut mieux que je garde pour moi.

_ Au point où on en est, tu peux tout déballer, non ? On est à cinq ans de la Terre sans espoir de retour et sûrs de mourir dans cette navette dans les deux prochains jours. Qu’est-ce que tu as à craindre ? Il pourrait t’arriver pire ? Crois pas…

_ Tu as raison. Je travaillais pour un salopard qui s’appelle Raul et qui sévit dans le Bronx. Drogue, prostitution d’adultes et d’enfants, extorsion de fonds, racket en tous genres, commerce humain avec des pauvres types de Chine, des Philippines et d’autres pays pourris.

J’ai trempé là-dedans car je n’avais pas le choix. J’ai servi d’intermédiaire, j’ai transféré des fonds, dans un sens, dans l’autre.

_ Dis donc ! Ce n’est pas une petite organisation ça ! Et ça remonte jusqu’où ?

_ La maison blanche et certains grands pontes qui aiment les petits garçons et les petites filles.

_ Non !

_ Si. Et Raul a des preuves de leurs turpitudes et ils le savent. Il les tient avec des vidéos, tu comprends ? C’est comme ça qu’il réussit à développer son empire.

_ Il a dû prendre une assurance; planquer les vidéos dans une banque…

_ Tu vas rire, il garde tout chez lui. Dans son coffre. Un incendie et tout est perdu.

_ Il suffirait d’aller les récupérer chez lui ?

_ Tout le monde pense comme toi que c’est dans un coffre de banque sous un faux nom. Et on est très peu à savoir ça.

_ As-tu terminé ton examen de conscience James ? Tout est dit ?

_ Je crois,oui.

_ Merci James.

Voix de Georges, Anna et Judy : Merci James ! Un grand merci !

_ ??? Qu’est-ce qui…

La porte du sas s’ouvre et laisse entrer une lumière aveuglante.

Une voix puissante retentit : Allez ! Ça suffit mainenant, sortez-de là !

 

John et Judy sortent rapidement et le gars de la NSA passe la tête dans l’encadrement du sas : Merci James. Allez, sors de là.

J’avoue avoir du mal à comprendre ce qui se passe. C’est une hallucination causée par le manque d’oxygène ?

Je m’extrais à mon tour de la navette qui en fait n’est qu’un shelter modulaire qui repose au sol, accolé à un groupe conséquent d’autres  shelters modulaires. Le tout au beau milieu d’un énorme hangar.

_ Merde ! Je me suis fait baiser !

_ Eh oui. Tu t’es fait baiser répond Georges. On va faire les présentations: Je m’appelle Rudy; John s’appelle Evans; Judy s’appelle Christina et Anna s’appelle Aurélia. Nous sommes tous acteurs, embauchés par la NSA pour l’occasion.

Le gars de la NSA s’approche : James, Tout était factice sauf Cap Canaveral. On vous a tous envoyés là-bas et on vous a tous endormis au protoxyde d’azote quand vous avez quitté l’ascenseur de la rampe de lancement. Ensuite, on vous a vite transférés dans les shelters et la vidéo, l’informatique et les acteurs ont fait le reste. Tout ça n’a duré que deux mois.

Maintenant, vous êtes bien obligé d’accepter le programme de protection des témoins. Raul va très bientôt tomber et vous, vous serez loin. Très loin d’ici. Libre et en sécurité. Voici votre porte-documents qui contient tous vos nouveaux papiers et passeport. Comme je vous l’ai déjà dit, je tiens toujours parole…

Anna/Aurélia s’approche de moi : Au-revoir James. Et elle me susurre dans l’oreille : Je t’avais prévenu… Il va te tuer. Où que tu ailles, tu es mort !