TOUS CHRONOPHAGES !

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TOUS CHRONOPHAGES !

 

 

« On nous vend du temps, on nous vend du vent… »

 

 

Bonjour, vous êtes-vous déjà posé des questions à propos du temps ? Non ? Moi, oui…

 

C’est quoi le temps ? Hormis les aiguilles qui se déplacent sur le cadran d’une horloge ?

Comment est-il né ? Aura-t-il une fin comme tout ce qui existe dans notre monde ?

A-t-il la même valeur partout dans l’espace ? De quoi dépend-il ?

A-t-il débuté au moment du Big Bang ? Est-il constant ou en expansion comme l’Univers ?

Mystère et boule de gomme !

 

Je crois que le temps est intimement lié à la vie et au mouvement. Sans mouvement, pas de temps et pas de vie; du moins dans ce monde-ci.

 

Je pense aussi que l’horloge cosmique existe et qu’elle dépasse notre entendement par sa complexité et ses dimensions. Chaque endroit de l’Univers en est probablement un élément. Tous les rouages sont interdépendants et agissent les uns sur les autres quelle que soit la distance considérée qui les sépare. La distance n’a peut-être aucune importance, d’ailleurs.

Le temps doit aussi être lié à la gravité et aux différentes fréquences qui régissent les systèmes solaires.

Il me paraît logique que l’espace ne soit pas homogène et que certaines de ses régions soient moins denses que d’autres.

Le temps est un mouvement, un déplacement. Si notre Terre ne se déplaçait pas autour du Soleil, accompagnée par sa Lune et, si le soleil ne se déplaçait pas au sein de la galaxie et cette dernière dans l’espace, tout serait figé et le temps n’existerait pas. Les électrons seraient-ils immobiles autour de leur noyau ? Ce qui vaut pour le macroscopique vaut pour le microscopique et l’énergie ne pourrait alors pas circuler; la lumière et le son non plus.

Pourrions-nous, si nous en avions les moyens techniques, sortir de notre système solaire, de notre galaxie et rester ce que nous sommes ? Pas sûr… Les Lois de la physique ne sont peut-être pas identiques partout dans l’Univers; de même que la gravité et la densité de la matière noire.

N’aurions-nous pas à craindre un brusque effondrement de notre structure cellulaire, atomique ? Une compression brutale ? Ou un éclatement ?

Dans le vide, deux objets de forme et de masse différentes, soumises à une même attraction finissent par tomber à la même vitesse. Ici, leur masse importe peu pour atteindre la vitesse. Ce qui compte, c’est la force de l’attraction; la gravité.

Le temps est un mouvement. Il doit donc dépendre de la vitesse, de ce qui permet cette vitesse, la densité, la gravité et les masses en question.

Le temps, finalement, n’est-il pas qu’une perception de l’homme ? Existe-t-il vraiment, même si nous le mesurons ?

Est-ce une illusion induite par notre conscience de notre propre mortalité ?

 

Au fil des millénaires, le temps est devenu un paramètre de plus en plus important, allant jusqu’à régir nos existences. Est-ce une bonne chose que de s’y soumettre ?

Le temps que nous avons inventé en nous l’appropriant et en le disséquant en tranches égales entre deux levers du soleil, nous complique la vie et implique des comportements étranges ainsi que du stress.

La mesure du temps a conditionné notre espèce en l’orientant vers les sciences, la compréhension de notre planète,  des mouvements stellaires et a permis de développer la technologie, l’ingénierie. Et… « Le temps, c’est de l’argent » Cette idée est à l’origine de bien des maux; elle a corrompu pas mal de choses et de peuples.

J’imagine que si nous ne nous étions jamais intéressés au temps, nous n’aurions pas aujourd’hui la même vie, pas notre niveau d’évolution avec son corollaire de bienfaits et de nuisances; une médaille ayant toujours deux faces.

Imaginez un peu la vie que nous connaîtrions si le temps n’avait pas d’importance pour nous… A l’instar des Papous et des indiens d’Amériques du Sud, nous existerions au sein de la nature en petits groupes et la Terre s’en porterait peut-être mieux… Non ?

 

Revenons un peu sur cette phrase : « Le temps, c’est de l’argent ». Cette fausse idée a de graves conséquences; elle implique d’aller toujours plus vite pour qui veut s’enrichir, entraînant dans une course folle les pauvres qui travaillent pour lui. On augmente les cadences, on détériore la qualité de vie au travail; on triche avec la nature pour obtenir plus de rendement; plus vite ! On invente les OGM pour que dans le temps imparti, tout soit consommable, vendable, même si les produits n’ont plus de goût, n’apportent presque rien… Peu importe ! A coups de publicités merveilleuses, on vante des qualités qui n’existent pas, qui n’existent plus en montrant des acteurs qui s’enchantent toutes dents apparentes  de consommer le produit dénaturé. Et ça marche…

 

Le temps, tel que perçu par l’homme en général et certains  patrons de l’industrie en particulier, a transformé l’humain en variable d’ajustement, en quantité négligeable et remplaçable, jetable. Dans une course folle.

De même, dans la vie courante, qui a aujourd’hui du temps à consacrer à l’écoute des autres ? L’idée que le temps est compté et précieux a tellement fait son chemin dans nos esprits que nous sommes convaincus que nous n’en avons pas assez. Jamais. Et si nous en sommes convaincus, c’est bien parce qu’on fait tout pour nous en convaincre ! Regardez autour de vous, chez vous; Vous avez un four micro-ondes ? Des soupes toutes prêtes ? Des brosses à dent électriques ? Des robots ? Des appareils qui font tout plus vite que vous ? Et pourquoi ? Parce qu’on vous a seriné que toutes ces choses allaient vous faire gagner du temps et du coup, vous rendre plus heureux… Et on oublie de dire que vous allez pour ça, dépenser de l’argent. Comme si on pouvait gagner du temps ! Comme le perdre d’ailleurs. Quelle bêtise…

Avez-vous songé qu’à chaque fois, il y a une contrepartie ? Des enfants très loin qui travaillent dur et qui eux, ne comptent pas leur temps… De la pollution due à la surproduction d’objets superficiels et souvent inutiles qui rendra bientôt les temps très durs pour l’humanité…

 

Le temps nous entoure; il fait partie de nous, de nos cellules et nous faisons partie de lui du fait de notre existence ici et maintenant.

On en est même venus, pour des considérations économiques à changer le temps… Passage de l’heure d’hiver à l’heure d’été et vice versa contre tout bon sens naturel. L’horloge biologique des individus est sensée se caler sur celle de la nature ? Foin de ces balivernes ! On change ça pour gagner des sous. Et la durée du jour ne suffit même plus, on se base sur l’atome pour être ultra précis; pensez donc ! Quelle farce !

Le temps c’est de l’argent dit-on et on nous le fait payer… Par des systèmes de location dans tous les domaines qui se greffent sur la consommation réelle; pour tout et partout… Le profit n’attend pas ! Pas le temps…

Le temps est devenu un bien de consommation; on en vend et on en achète.

Le temps et l’argent sont devenus indissociables; à tel point que si vous avez des retards dans vos traites, on vous sanctionne, vous prélève, vous expulse de chez vous.

Vous êtes en retard au travail, à votre rendez-vous ? Tant pis pour vous ! Vous êtes viré ! Ou revenez l’année prochaine et soyez à l’heure cette fois !

Que dire des gens naturellement lents ? Pas bons à grand-chose dans cette société-là…

A l’hôpital, par exemple, actuellement, il faut faire plus et mieux avec moins d’acteurs… Dans le temps imparti. Pour rentabiliser la médecine hospitalière. Misère…

Les nouveaux parias sont les retardataires… Etre hors du temps, cela revient à être hors la Loi.

Si nous prenions le temps d’y réfléchir, de constater que le temps n’est qu’une chimère, un outil puissant des uns pour asservir les autres; une contrainte inventée et soudée au profit, nous vivrions peut-être mieux.

 

Notre notion du temps et ce que nous en avons fait nous a enfermés dans une bulle synthétique et nous en sommes prisonniers. A tel point que des gens en meurent, tellement ils doivent aller vite, angoissés et prêts à tout pour rattraper leur retard; si ce n’est pas leur cœur qui flanche, c’est leur voiture ou leur moto qui ne peut s’arrêter à temps ou qui sort d’un virage. Sans parler de toutes les maladies induites par le stress…

Regardez-les courir, comme ils se sentent tellement importants. Certains courent sans but réel; juste pour donner l’illusion que leur temps est compté… Les pauvres.

Aujourd’hui, les gens ne vivent plus dans le présent mais naviguent entre les regrets du passé et l’angoisse du futur. Ils ne sont jamais en paix, jamais contents et réclament toujours plus sans jamais profiter de quoi que ce soit. Ils dorment mal et sont malheureux.

La frustration induite par ce comportement pousse à trouver des compensations, des substituts de bonheur; et c’est là qu’attendent les vendeurs de l’inutile, du superflu pour flatter, encourager et promettre le bonheur par l’avoir; avoir toujours plus. Bien sûr, lors de l’acquisition, l’angoisse se calme un temps; mais ce temps est bien court… Il faut déjà penser à ce qu’on pourrait bien acquérir pour se sentir mieux… Une télé plus grande ? Une nouvelle voiture plus rapide ? Même si nous en avons déjà et qui fonctionnent parfaitement. Pas grave, on va jeter l’ancien et courir au milieu de cette foule hypnotisée par le consumérisme; heureux d’appartenir à un groupe, d’obéir aux injonctions, de croire un instant qu’on est mieux lotis que bien d’autres. Que grâce à nos achats, on fait partie d’une élite. Chercher le bonheur dans ces conditions revient à tenter de remplir le tonneau des Danaïdes !

Pouvons-nous revenir en arrière et nous affranchir des contraintes du temps ? Je pense que ça ne serait possible qu’en mettant bas beaucoup de principes de notre société.

 

Le temps nous est compté. C’est vrai. Comme tout ce qui existe en ce monde, nous connaissons une naissance, une croissance, une apogée, un déclin et la mort. Est-ce pour oublier notre mortalité que nous fuyons le présent et sa réalité ? L’époque actuelle développe un monde parallèle, un univers virtuel où tout paraît plus beau, plus facile. Pas mal de gens plongent dans ce paradis artificiel pour connaître un ersatz de réussite, de gloire à moindre effort. Cela suffit-il à cicatriser les plaies des échecs ? Des espoirs perdus ?

Comme le temps, ce n’est qu’une illusion.

Le temps nous est compté. Il nous est aussi conté par les historiens et les livres anciens. Cela pose la question de savoir ce que nous devons faire de ce temps qui nous est imparti; de notre vie. Devons-nous nous contenter de durer le plus longtemps possible en nous protégeant de tout et de tout le monde, sans jamais rien réaliser durant notre existence ? La mort doit elle être ignorée à tout instant ? Doit-on la nier ? Devons-nous refuser la vieillesse et user d’artifices pour paraître jeunes ? Faire croire que le temps n’a pas de prise sur nous ? Quel est le sens de tout ça ?

La vie éternelle existe peut-être; mais pas dans ce monde et pas maintenant.

Les modèles de société modernes sont-ils meilleurs que les anciens ? Y trouvons-nous notre compte ? Le monde est-il plus juste ?

Le temps nous est conté. Certes. Mais, est-ce bien la réalité qui est écrite ou bien s’agit-il en fait d’une invention pour maintenir des pouvoirs, une organisation des sociétés ? Jules César, en écrivant son livre sur la guerre des Gaules n’a pas retranscrit la vérité sur les Gaulois et leur société. C’est un exemple de mensonge datant de l’antiquité. Quant aux religions; je préfère ne pas en parler.

 

Notre conscience du temps nous fait tirer des plans de carrière, des plans sur la comète au détriment du présent.

Actuellement, que faites-vous? Etes-vous réellement à ce que vous faites ? Ou bien, le faites-vous machinalement en pensant à autre chose ? C’est souvent le cas, non ? On prépare à manger tout en repensant à ce qu’untel nous a dit et qui ne nous a pas plu dans la journée, au boulot; ou bien nous imaginons comment nous pourrons nous faire bien voir demain lors de la prochaine réunion. C’est le meilleur moyen de se brûler ou de se couper… Ou de ne pas entendre ce que notre enfant ou notre conjoint vient de nous dire. C’était peut-être important, mais nous ne l’avons pas entendu; perdus  que nous sommes dans nos pensées.

Le temps est une illusion qui nous empêche de vivre pleinement le présent. Angoissés par un futur qui, de toute façon arrivera et que nous ne pouvons pas changer, quoi que nous fassions. Il n’est pas écrit  l’avance, mais découle de nos choix, de ceux des autres, si tant est que nous avons ce choix…

 

Notre vie est devenue complexe car nous l’avons compliquée. Nous sommes devenus des esclaves du temps, insatisfaits de notre présent, regrettant le passé et angoissés par un avenir qui ne sera jamais assez bien. Eternels insatisfaits que nous sommes.

Nous arrive-t-il de ne pas aller vite ? De prendre une bicyclette ou des chaussures de marche et de partir sur les routes et les chemins pour une vingtaine de kilomètres ? Si nous ne l’avons jamais fait ou si la dernière fois remonte aux calendes grecques, nous devrions essayer ou recommencer. Découvrir les paysages, les bruits naturels, le vent, la pluie, le soleil. Nous sentir partie prenante de ce monde. Nous sentir plus humain, plus vivant; loin des écrans multicolores, des magasins, du tumulte des cités, des injonctions idiotes.

Coupons à travers bois, à travers champs; sortons de notre zone de confort et découvrons de nouveaux endroits, de nouveaux chemins. Le temps que nous y passerons ne sera pas perdu. Nous serons en phase avec le présent, avec nous-mêmes et ceux qui nous entourent.

Apprivoisons le temps; il nous appartient. C’est  le nôtre. Et c’est bien vrai que la vie est courte alors, autant prendre soin de soi; non ?

Parfois, il suffit d’en prendre conscience et de s’arrêter, de s’asseoir au bord du trottoir, sur un muret. De respirer vraiment et d’observer autour de nous. Prendre le temps de remarquer les choses qui échappent à notre conscience quand nous courons après nos chimères…

 

Pour finir, le temps, comme une succession de vagues sur une plage, finit par effacer tous les châteaux de sable que construisent les hommes…

Merci d’avoir consacré un peu de votre temps à la lecture de ces quelques réflexions.